« La finance digitale est un phénomène spécifique à beaucoup de pays africains. Nous l’avons entamé il y a une quinzaine d’années. C’est un sujet qui nous a permis d’étudier ensemble avec les gouvernements, la société, les banques, les solutions les plus adéquates. Et on s’est rendu compte que c’est un sujet africain même au-delà. Nous avons donc essayé d’apporter des solutions adéquates aux différents pays dans lesquels ce problème se pose », a déclaré le président du directoire de la Société maghrébine de monétique (S2M), Rachid Abou El Bal. A sa suite, le vice-président, Mohammed Amarti-Riffi, explique que « les paiements digitaux présentent aujourd’hui un facteur clé de la réussite des projets de l’inclusion financière en Afrique et permettent ainsi une nette amélioration de l’expérience client ». « En offrant des solutions pratiques, flexibles, sécurisées et accessibles à tous, S2M s’engage à apporter de la forte valeur ajoutée pour la réussite de l’inclusion financière en Afrique et de façonner un avenir où les services financiers sont accessibles à tous », poursuit notre interlocuteur.
La stratégie d’inclusion financière du Cameroun appréciée à sa juste mesure
Après Tunis, Abidjan, Dakar et Kinshasa, Douala accueille le Digital Payment Day dans un contexte où le Cameroun est engagé dans une transformation numérique significative, grâce à la mise en place des réformes audacieuses dans le domaine des TIC. L’une des réformes est la mise en œuvre de la Stratégie nationale de la finance inclusive (SNFI) pour la période 2023-2027. « L’un des axes stratégiques de la Stratégie nationale de la finance inclusive est la promotion de l’innovation et du numérique, dont la finance digitale. Il faut améliorer l’accès aux services financiers à travers la technologie financière. Il faut que les populations puissent utiliser la technologie développée par les opérateurs de téléphonie mobile pour accéder aux services financiers. Cette technologie permet de toucher un plus grand nombre et d’arriver même dans les coins les plus reculés », fait savoir Maximin Ongolo, directeur au programme d’appui à la SNFI. Le budget de mise en œuvre de la SNFI est évalué à 37,66 milliards de F.
Dans cet aspect des choses, le Cameroun a évolué, d’après le responsable au ministère des Finances. « Il y a deux ou trois ans, nous avions huit millions de Camerounais qui avaient des téléphones mobiles », ajoute M. Ongolo. Malgré ces évolutions, il y a d’autres freins au niveau de la qualité des infrastructures. « Nous avons régulièrement des coupures d’électricité dans les zones reculés. La densité d’Internet n’est pas suffisante. Ce déficit ne permet pas d’améliorer ou d’avoir accès aux services financiers. Il y a des solutions alternatives qui peuvent se faire avec l’utilisation de l’énergie solaire. Bon nombre qui vont dans l’inclusion financière essaient de développer des produits verts », poursuit Maximin Ongolo.
Synergie d’actions pour intégrer les exclus de l’écosystème bancaire classique
Toujours est-il que S2M s’évertue, à travers ses activités, à repousser les limites de l’innovation au service du paiement digital et de l’inclusion financière, pour offrir aux clients/prospects des solutions et des nouveaux produits adaptés à leurs besoins. L’idée étant d’intégrer ceux qui sont jusqu’à présent exclus de l’écosystème bancaire dans l’écosystème financier. Sous ce prisme, l’inclusion financière participe d’un développement inclusif. « Il y a un enjeu économique derrière la finance digitale qui est de sortir les gens de la pauvreté. Si vous n’êtes pas dans un canal financier de no cash, à un moment donné, vous ne pourrez plus vous émanciper. C’est dire que l’inclusion financière est un facteur de croissance économique. Il y a une vingtaine d’années les banques étaient élitistes. Avec l’avènement du mobile, des outils fintech, les banques ont sérieusement évolué », explique le directeur général du Groupement interbancaire monétique d’Afrique centrale (GIMAC), Valentin Mbozo’o. Il estime d’ailleurs que grâce au concours de son organisation, les banques peuvent aller chercher au loin des clients sans agence avec ce qu’on appelle les branch less, l’agence e-banking.