L’ouverture de ce procès fait suite à l’introduction d’un recours introduit par certains groupes de la société civile pour empêcher les pouvoirs publics d’engager des opérations d’extraction minière industrielle de l’or et de la bauxite. En juillet 2020, certaines organisations de la société civile (OSC) et quatre personnes privées ont poursuivi conjointement le gouvernement pour l’exploration et le forage de puits profonds dans la réserve forestière d’Atewa. Les OSC concernées étaient: A Rocha Ghana, Flower Ghana, Concern Citizens of Atewa Landscape, Ghana Youth Environmental Movement, Ecocare Ghana, Kasa Initiative Ghana et Save the Frogs Ghana. Quant aux personnes privées, il s’agissait de : Awula Serwah, Oteng Adjei, Boakye Twumasi-Ankrah et Nana Asante.
Sans pour autant s’opposer au projet du gouvernement de mobiliser des revenus à travers plusieurs initiatives notamment l’exploitation des ressources naturelles du Ghana, pour le développement du pays, les plaignants estiment entre autres que « le Ghana n’a pas besoin d’exploiter les réserves de bauxite de la forêt d’Atewa Range parce qu’il existe des réserves de bauxite beaucoup plus riches selon les informations disponibles au gouvernement, que le gouvernement a rendues publiques ».
Plaidoyer pour un statut de parc national
Selon Daryl Bosu de l’ONG écologiste A Rocha Ghana, la forêt de montagne d’Atewa approvisionne cinq millions de personnes en eau potable grâce à ses sources. Considéré comme un site de grande valeur pour la biodiversité et protégeant le bassin versant de trois grands fleuves et de plusieurs autres cours d’eau, cette zone assure également les besoins de ses habitants en nourriture, médicaments, matériaux de construction, outils et vêtements, et les protège des inondations et de la sécheresse.
Dans un rapport préparé par A Rocha Ghana avec le soutien de l’UICN Pays-Bas et présenté au gouvernement ghanéen, l’OSC estime que le projet du Ghana de permettre aux entreprises chinoises d’extraire les réserves de bauxites découvertes dans les sommets des collines de la forêt d’Atewa, va entraîner l’élimination de la forêt. Le coordonnateur régional Afrique de Citizens’ Climate International, David Michael Terungwa, explique que lors d’une descente effectuée sur le site en juin 2022, les premiers signes de dévastation de la forêt étaient perceptibles. Les OSC ont une position commune : « Le Ghana doit classer la forêt tropicale d’Atewa comme Parc national afin de la préserver de toute exploitation ». A leur avis, le statut actuel de réserve naturelle ne protège pas Atewa de l’exploitation minière de bauxite.
La forêt d’Atewa, un miracle écologique de classe mondiale
La forêt d’Atewa est l’une des plus grandes forêts tropicales intactes d’Afrique de l’Ouest. Etendue sur une superficie de 260 km2, elle dispose en son sein plus de de 70 espèces classées en danger critique d’extinction (CR), menacées (EN) et vulnérables (VU) par l’UICN, à l’exemple de la grenouille Conraua derooi. Au moins 50 espèces de mammifères y sont recensés, dont le Mangabey couronné Cercocebus lunulatus, récemment découvert et en danger d’extinction. Il faut y ajouter plus de 1000 espèces de plantes et 230 espèces d’oiseaux, dont le Gobemouche du Liberia Melaenornis annamarulae, qui n’est présent nulle part ailleurs au Ghana. En outre, plus de 570 espèces de papillons y ont déjà été recensés sur plus de 700 espèces potentielles. Un potentiel qui ferait d’Atewa la forêt la plus riche en papillons d’Afrique occidentale.